Ah si seulement, oui si seulement nous n'étions pas tous devenus si hypocrites, si égoïstes. Si nous avions su où cela nous aurez mené. "Si seulement", nous cessions de tous ressasser le passé. Il est trop tard pour faire demi tour, nous sommes tous morts, mes amis, tous autant les uns que les autres. Alors pourquoi nous nous battons ? C'est dans nos gênes, non ? Ce fameux jour, le 2 janvier 2011... Les morts se sont relevés. Vous ne me croyez pas, n'est-ce pas ? Encore moins si je vous dis le mot...Zombies ? Morts- vivants ? Pourtant c'est le cas, ils étaient censés être morts, mais au lieu de ça ils se sont relevés comme des grands pour nous mordiller sauvagement le cou, les bras, les jambes. Peu importe, ils se relèvent et tout ça pour se nourrir de chair humaine... Ces saloperies, qui pourrissent de jour en jour, contaminent de plus en plus d'êtres humains ! Nous sommes de moins en moins nombreux et nous ne pouvons rien y faire, c'est un tintamarre infernal, une cacophonie macabre de pas traînants et de grognements... Ce simple son vous fera frémir. Nous avons passé les fêtes enfermés dans des supermarchés barricadés, des caves humides qui puaient le rat crevé et toute sorte d'endroits bien joyeux.

Vous croyez au paradis, l'existence d'une vie meilleure. Loin de celle-ci ? Pff… Quelle foutaise... Tout ce en quoi nous croyons, tout ce en quoi nous voulions croire n'est plus. Nous ne sommes que de stupides pantins à la merci de ce que la nature nous a donné... Et ô grand malheur ! Que nous offre-t-elle ? Une vie de fuite et de débauche ! Ils grouillent de partout... Ils sont venus, nous ont surpris dans nos foyers, ont dévoré nos familles. Ils ont brisés nos rêves, nos buts les plus intimes. Non, nous n'avons plus de vie. Uniquement une paire de jambes pour courir encore et encore ! Une paire de mains pour tenir la batte de base-ball de Junior, viser en pleine tête en écumant de rage. Et si on a de la chance, un petit flingue pour leur faire bouffer le bitume.



Ce n'était pas si mal, en fait, l'hypocrisie des gens. Ils vivaient leurs petites vies misérables dans leurs grandes voitures de luxe pendant que les pauvres mendiaient comme des chiens. Maintenant, ils essayent de vous croquer pour un oui ou pour un non. Pauvres ou non, tous dans le même panier ! Nous sommes tous de misérables petits humains, fuyant des cadavres ambulants. Oui, ils marchent, ils avancent même. Parfois plutôt vite pour des macchabées... Le pire ? Ils vous suivent, parfois, ils sont même plusieurs. Ils se battent pour arracher votre chair fraîche de leurs dents pourries. Ces bestioles de cinéma, sont passées de l'autre côté de l'écran géant. On agrippe la fille, pas uniquement pour la rassurer, mais pour la protéger. Parfois c'est l'inverse, on a tous besoin d'aide, tous besoin de survivre. Tout ce que nous croyons pure fiction s'avère réel et croyez-moi, une troisième guerre mondiale aurait été préférable. Maintenant, la poussière prend la place, parfois quelques empreintes traînantes sont visibles. Et quand elles ont la netteté, la profondeur de celles des êtres vivants, on prie de toutes nos forces pour retrouver celui qui est passé par là. On prie parce qu'on est peut-être plus seul finalement.


On prie parce que cette personne sait peut-être comment recoudre votre ami à l'agonie qui s'est pris une balle perdue pendant la confusion totale d'une attaque imprévue. Et puis il y a ces gens bizarres et dont je fais peut-être partie finalement. Ils sont si étranges, parfois ils hurlent comme des bêtes et leur regard devient fou. Ils soulèveraient des montagnes mais ils sont rassurants aussi. Ils guident, c'est ce que je fais parfois. J'ai ça dans le sang, j'aide ces pauvres gens à ne pas devenir fous et à s'entretuer. Mais j'ai peur moi, vous savez. Pourquoi j'endosse un truc pareil alors que j'aimerais avoir une épaule pour pleurer ? Pourquoi je ne dis rien face aux regards apeurés de ces gens ? Ils croient que je suis devenu fou parce que, parfois, il m’arrive d'être différent, de devenir quelqu'un d'autre. Car je suis trop fier et trop con pour admettre que j'ai mal. Mais on devient tous dingue dans un monde pareil, non ? On ne fuit pas que les morts non plus, il y a ces gens en noir plutôt inquiétants, on dit qu'ils enlèvent les survivants en les piégeant. Quoi de plus normal que de foncer vers l’abri qui vous semble le plus idéal, hein ? Voilà, c'est l'existence que nous menons maintenant, et pourquoi ? On ne sait pas. Peut-être qu'on nous a punis finalement ? Peut-être que c'était ça le jugement dernier ? On s'en fout ! Courrez et ne vous retournez jamais ! Faites juste demi-tour s'ils sont devant vous.